Le Gospel possède un répertoire très étendu. Ces chants afro-américains sont cependant toujours porteurs de messages forts et de valeurs comme le partage, l’amour et la gaieté. Quelque soit le texte, le Gospel interprété avec talent et passion, transmet de fortes émotions et promet un moment intense. Mais il faut reconnaître que certains de ces chants sont plus connus et appréciés que d’autres pour leur rythme, leurs paroles ou leur histoire. Nous avons rassemblé pour vous les cinq titres incontournables du Gospel. Bonne (re)découverte !
1. Oh Happy Day
Qui dit Gospel, dit « Oh Happy Day » : les deux vont automatiquement de pair. « Oh Happy Day » est d’ailleurs toujours la première chanson de Gospel qui nous vient à l’esprit ; et ce, dans le monde entier ! La chanson qui célèbre les jours heureux a effectivement connu un succès mondial.
Popularisé par The Edwin Hawkins Singers, l’arrangement Gospel date de 1967 et provient d’un hymne du XVIIIème siècle, lui même inspiré du Nouveau Testament (Actes des Apôtres). Il n’aura fallu que deux ans au célèbre chant pour se positionner en tête des classements internationaux : premier en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, deuxième au Royaume Uni et quatrième aux États-Unis. Cette visibilité internationale en a propagé le succès et a fait de « Oh Happy Day » un standard de la musique Gospel.
Des artistes à la renommée internationale comme Quincy Jones, Joan Baez ou encore Etta James ont également interprété « Oh Happy Day ». C’est finalement le placement de la chanson dans le film culte Sister Act, avec l’actrice Whoopi Goldberg, qui en a couronné son succès. Vous pouvez consulté notre article dédié à l’origine du chant Oh Happy Day pour plus d’information.
Interprété par les artistes de Gospel Event lors d’une magnifique cérémonie, ce classique du Gospel apporte toujours autant d’émotions :
2. Oh When The Saints
Dans le Top de la liste des chants Gospel afro-américains les plus renommés se trouve également « Oh When The Saints ». Ce grand classique du Negro Spiritual est aussi connu sous les noms de « When The Saints Go Marchin’ In » ou « The Saints ». Réel hymne du Gospel américain, il s’agit à la base d’un chant chrétien, fortement inspiré par la musique folk, qui a vite été repris par des groupes de jazz.
C’est en 1923 que la chanson est enregistrée pour la première fois avec les Paramount Jubilee Singers. En 1938, « The Saints » rencontre un regain de popularité grâce au nouvel enregistrement du célèbre jazzman Louis Armstrong et son orchestre. Au cours des années, des figures emblématiques reprendront cet incontournable chant afro-américain comme le très récemment défunt Fats Domino, Elvis Presley, James Brown ou encore Johnny Cash. D’autres artistes plus actuels font également un clin d’œil à ce titre en le reprenant sur scène ou en studio ; ce fût le cas de Van Morisson, Bruce Springsteen ou encore le groupe français Dionysos.
Bien que ce chant est souvent considéré comme un air pétillant, il faut savoir qu’« Oh When The Saints » est souvent chanté en marche funéraire. Comme le veut la tradition à La Nouvelle-Orléans, des musiciens accompagnent le cortège funéraire jusqu’au cimetière en jouant un Jazz adapté. Au retour de l’enterrement, le style de musique change totalement de style et est réinterprété de manière plus joyeuse, il s’agit alors de Jazz-hot ou Dixieland. La coutume veut d’ailleurs que les accompagnants manifestent leur joie et dansent sur la musique. Le Gospel prend du sens dans toutes les situations.
C’est d’ailleurs avec ce chant que le groupe Gospel Garden a conclu cette cérémonie en extérieur, créant ainsi un pur moment de joie :
3. Down By The Riverside
« Down By The Riverside », également connue comme « Ain’t Gonna Study War No More » et « Gonna Lay Down My Burden » est un grand classique du Negro Spiritual qui possède des racines d’avant la Guerre de Sécession. Pour autant, la chanson a été publiée pour la première fois en 1918 et a été enregistrée en 1920 par The Fisk University Jubilee Quartet. Avant la seconde Guerre Mondiale, on comptait déjà au moins 14 enregistrements Gospel de la chanson.
« Down By The Riverside » est chantée tout en allégorie. Pour traverser une rivière, il faut laisser de côté négativité et agressivité et revêtir un costume de spiritualité et de foi. Ainsi, vous pourrez passer de l’autre côté de la rive. Cette allégorie peut faire référence à divers concepts : le baptême (les baptisés sont vêtus d’une robe blanche avant d’être submergés d’eau bénite), le Paradis après la mort (selon la métaphore du Jourdain qui dans l’Ancien Testament symbolisait le passage du désert à la Terre Promise) et enfin, l’échappée à l’esclavagisme (avant la Guerre de Sécession, la rivière de l’Ohio séparait deux États où l’esclavagisme était autorisé d’un côté mais pas de l’autre).
Le refrain « Ain’t Gonna Study War No More » fait référence à l’Ancien Testament et notamment à cette citation : « Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre, Et l’on n’apprendra plus la guerre. » (extrait d’Isaïe 2:4 et Michée 4:3). Un message fort et pacificateur. Pour cette raison, le titre a d’ailleurs été utilisé comme chanson de protestation anti-guerre, et ce particulièrement pendant la Guerre du Vietnam.
4. The Hymn of Joy
« The Hymn of Joy », également appelé « Joyful, Joyful We Adore Thee », est un symbole du Gospel, considéré à lui seul comme un hymne à la joie. Très souvent interprété, particulièrement dans les églises avec un orgue, « The Hymn of Joy » est un incontournable du Gospel riche en spiritualité. Le texte, écrit par Henry Van Dyke en 1907, était initialement un poème qui s’est chanté sur la mélodie de l’Ode à la Joie, mouvement final de la Symphony no. 9 de Ludwig Van Beethoven.
Pour écrire sa sublime œuvre, le poète a avoué s’être inspiré des Monts Berkshire (situés à l’Ouest du Massachusetts et du Connecticut). Il a également confié : « Ces vers sont de simples expressions des sentiments et désirs chrétiens au temps présent. C’est un hymne à la confiance, à la joie et à l’espoir. ». L’œuvre est d’ailleurs considérée par les hymnologues comme l’hymne aux expressions les plus joyeuses en anglais.
Quand on pense à ce chant, il n’est pas rare que nous vienne en tête l’image de la jeune Lauryn Hill la chantant dans Sister Act 2. Une inoubliable version y est effectivement interprétée avec des influences hip hop. C’est ainsi que le titre a connu un nouveau succès auprès du jeune public.
5. Go Down Moses
« Go Down Moses » est un chant issu du Negro Spiritual américain qui fait référence à l’Ancien Testament de la bible et plus précisément à L’Exode 8:1 – « L’Eternel dit à Moïse: Va vers Pharaon, et tu lui diras: Ainsi parle l’Eternel: Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve. » – lorsque le Seigneur demande à Moïse qu’il réclame la libération des Israélites de l’esclavagisme égyptien. Un chant lourd de sens et de gravité, donc, mais aussi d’espoir et de foi.
Dans la chanson, « Israël » qui représente les esclaves afro-américains de « l’Égypte » et du « Pharaon », le titre « Descends, Moïse » en français, est également dérivé de la Bible : Moïse était en haut de la Montagne de Dieu quand il lui demanda d’aller en Égypte. Dans le contexte de l’esclavagisme américain, l’ancien sens du mot « down » (pouvant être traduit par descendre ou dessous) est vite devenu « down the river » (sous la rivière, faisant référence au Mississippi), où les conditions des esclaves étaient pires encore.
Pour son texte lourd de sens, chargé d’Histoire et sa sublime composition musicale, « Go Down Moses » est devenu l’un des chants afro-américains les plus emblématiques. La chanson a été premièrement popularisée par Paul Robeson ; mais c’est Louis Armstrong – encore une fois – qui lui a donné un caractère exceptionnel en enregistrant sa version à New York, en 1958, avec l’Orchestre de Sy Oliver.
Plus récemment, le chanteur français Claude Nougaro rendait hommage à Louis Armstrong avec une adaptation de la mélodie de « Go Down Moses ». Avant qu’Armstrong ne la rende d’autant plus célèbre, « Go Down Moses » avait également connu des passages au grand écran. L’œuvre était notamment chantée par Jess Lee Brooks dans la comédie américaine Les Voyages de Sullivan (Preston Sturges, 1941) et par Sidney Poitier dans Graine de Violence (Richard Brooks, 1955).
Vous en savez désormais plus sur les cinq titres incontournables du Gospel ! Mais son répertoire est composé de beaucoup d’autres chants, tous plus magnifiques les uns que les autres. Les chorales professionnelles de Gospel Event ont bien évidemment intégré ces chants afro-américains incontournables à leur répertoire, et bien d’autres encore ! Nous serions heureux de vous les faire découvrir plus amplement.